« Je vois en Versailles le pôle nature-culture du Grand Paris »
Entretien avec François de Mazières par Martine Kis
Comment le Solar Decathlon est-il arrivé à Versailles ? François de
Mazières. Lorsque j’étais président de la cité de l’architecture,
l’architecte Pascal Rollet, lauréat avec son équipe de Grenoble de la
précédente édition en Espagne, est venu me parler du projet français. Je
lui ai dit que Versailles pourrait l’accueillir. Les Américains ont
beaucoup apprécié cette idée. Pour eux, Versailles signifie quelque chose !
J’ai proposé d’utiliser un terrain du domaine du château, les Mortemets,
très bien situé dans le prolongement du château et perpendiculaire à
l’allée Le Nôtre, sur lequel nous avions notre camping municipal. Bien sûr,
avec l’accord du château. L’Etat a financé les travaux de terrassement.
Le Solar Decathlon est donc l’occasion de la mise en valeur d’un site en
friche. Pourquoi la ville y attache-t-elle de l’importance ? F. de M. Dès
mon élection, en 2008, j’ai voulu accompagner le château et l’armée pour la
restauration de ces terrains en friche, proche du lac des Suisses, occupés
par des bâtiments à l’architecture déplorable. C’est le sens du projet de
transfert de Roland-Garros, qui n’a pas abouti, mais a permis de faire
bouger les consciences. Puis, j’ai profité de l’année Le Nôtre, en 2013,
pour restaurer, sous maîtrise d’ouvrage intercommunale, l’allée Le Nôtre,
de 3,2 km, qui relie le lac des Suisses à Saint-Cyr. L’armée a accepté de
laisser traverser un terrain militaire, ce qui n’était pas évident.
L’événement devrait attirer 200 000 visiteurs. Au-delà, avez-vous des
projets pour le site ?
F. de M. Il serait aussi logique d’accueillir l’édition 2016 du Solar
Decathlon. Au-delà, ma référence sont les Giardini, à Venise, où des
parcelles de terrain sont attribuées à des pays étrangers pour y exposer.
La Biennale d’architecture y a lieu. Versailles a un potentiel unique au
monde sur le thème des jardins, avec Le Nôtre, le parc du château, le
potager du roi, l’Ecole du paysage. La ville elle-même est emblématique
dans ce domaine, avec sa politique zéro-phyto, son travaille sur les
passages entre les quartiers… On pourrait donc imaginer une biennale sur le
thème des jardins. Cela permettrait non seulement d’avoir un site
permettant de désaturer un peu le château, mais apporterait une réflexion
sur la modernité, l’eau, la nature en ville… Dans le cadre du Grand Paris,
je vois Versailles comme son pôle nature-culture.